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A Nîmes, le trafic de drogue demeure, mais de façon plus discrète, un an après le décès de Fayed

Des pelleteuses en action, un viaduc démoli, des parkings souterrains détruits… Autour de la galerie Wagner, plaque tournante du trafic de drogue à Nîmes, de gros travaux de rénovation urbaine (pour un montant total de 250 millions d’euros) ont débuté au cœur de l’été dans le quartier Pissevin, l’un des plus pauvres de France. Même si la métamorphose de cette cité doit durer au moins cinq ans, la transformation du paysage est déjà visible.
« Ça fait bizarre, il y a des bâtiments en moins. Ils ont cassé toute la première partie de la galerie. Tant mieux », se félicite Houria, venue à la pharmacie avec ses deux enfants, le 19 août, en milieu d’après-midi. « On a hâte, on aimerait que tout change ici », dit cette trentenaire, née dans ce quartier et qui n’imagine pas déménager, même si le quotidien est devenu très difficile à supporter.
Il y a un an, le 21 août 2023, Fayed, un enfant du quartier, âgé de 10 ans, est décédé en soirée, victime de balles perdues lors d’un règlement de comptes lié au trafic de stupéfiants. L’événement a traumatisé la population. Moins de quarante-huit heures plus tard, un jeune homme perdait la vie, autre victime collatérale, à Pissevin. « C’était devenu infernal, invivable, commente la sœur de Houria. Les semaines suivantes, il y a eu plusieurs fusillades. Maintenant, il y en a moins. »
Les seize mille habitants de ce quartier prioritaire de la ville, gangrené par le trafic de drogue, se sont habitués à cette cohabitation particulière. Assis sur une chaise à l’ombre d’un pin, en face de la médiathèque désormais fermée (car elle était cernée de dealers), les yeux rivés sur son téléphone portable, un adolescent en jogging noir officie en tant que guetteur. Il est seul. Plusieurs opérations « Place nette » ont déstabilisé l’organisation des trafiquants : quatre cents interpellations ont été effectuées cette année, et 136 amendes forfaitaires délictuelles délivrées depuis l’été 2023, essentiellement à Pissevin (contre cinquante-trois un an plus tôt).
« Le point de deal est beaucoup moins flamboyant, observe le préfet du Gard, Jérôme Bonet. Mais on ne va pas faire un déni de réalité, le trafic de drogue perdure. » Et si la situation est un peu moins tendue à Pissevin, à l’autre bout de la ville, dans le quartier du Chemin Bas d’Avignon, les derniers mois ont été marqués par une série de règlements de comptes liés au narcobanditisme.
Arrivé à son poste le jour de la mort de Fayed, Jérôme Bonet ne cache pas sa détermination. Avec la procureure de Nîmes, Cécile Gensac, il a mis en place deux réunions mensuelles dédiées à ces quartiers. La stratégie est claire : viser les épiceries de nuits et sandwicheries suspectes, multiplier les contrôles et renforcer la présence des forces de l’ordre dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.
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